Notre mère, première femme de notre vie,

Notre repère, notre référence, notre désamour…notre prison.

Fille de sa mère, mère de sa fille, nous ne sommes pas toutes mères mais nous en avons toute une avec laquelle nous entretenons des rapports aux formes complexes et à l’intensité variable.

Filles en construction d’identité, nous cherchons confusément à devenir Femme, confrontée à une image maternelle que nous redoutons ou désespérons de devenir.

Femme adulte, obscurément coupable de ne pas être la fille idéale de notre mère, nous espérons réussir à être la mère de notre fille.

Difficile de se construire dans la contradiction de nos émotions et dans l’ambivalence de sentiments qui nous lient à nos mères : idolâtrie, fureur, trahison, désespoir, rejet, culpabilité, peur de leur déplaire et de leur ressembler.

« Je t’aime, moi non plus »

« Je refuse de porter un tailleur, cela me fait penser à ma mère » dit Emma, 37 ans, cadre, mariée, 2 enfants, à la recherche de sa Féminité. Elle se sent « coupable d’aimer les escarpins » et « prisonnière de l’image inaccessible de sa une mère, femme élégante et très bourgeoisement correcte ».

Nous sommes certainement nombreuses à nous retrouver dans ce « je t’aime, moi non plus » et beaucoup d’entre nous, dans leur révolte intérieure, en ont voulu à ces mères tour à tour idéalisées, dénigrées, responsables désignées de notre difficulté à nous sentir pleinement Femme et de notre impossibilité à mettre du « vivant » sur le mot FEMINITE.

Nos mères ne nous ont pas appris à nous libérer d’elles et nous ne nous autorisons pas suffisamment à nous affranchir du carcan historique, social, culturel, familial et religieux dans lequel nous avons été éduqué.

Et si nos mères avaient oublié de nous DIRE

Qu’elles étaient simplement humaines, filles de leur mère, contraintes à des comportements, des actes, des propos attendus, conformes aux règles de leur époque ;

Que nous n’étions nullement tenues par gratitude, conformisme ou fatalité à reproduire leur histoire ;

Que nous n’avions ni à leur plaire, ni à leur ressembler et nul besoin de leur approbation pour nous réaliser ;

Que les gestes et traits de caractère partagés, renforçaient notre relation mais que nous avions à découvrir notre véritable personnalité, à développer notre singularité ;

Que nous avions le DROIT à une autonomie personnelle et le DEVOIR d’être nous, différentes d’elles.

Et si nous, leurs filles, nous nous autorisions

A humaniser l’image que nous avons de nos mères; à les regarder autrement, dépouillées du carcan des mythes et des clichés de la « bonne » ou « mauvaise » fille, mère, épouse ;

A découvrir des aspects insoupçonnés de leurs expériences de vie et de leur humanité,

A partager leur vécu, explorer leurs combats, comprendre la motivation de leurs actes,

A aimer nos mères pour ce qu’elles sont…des Femmes, comme nous, avec lesquelles nous pouvons construire une relation faite de compréhension et de respect,

Accepter la mère, reconnaitre la femme, nous aiderait à mieux nous comprendre, nous définir, et, beaucoup plus sereinement, nous construire, donner vie à nos aspirations, assumer nos choix et nous réaliser dans notre féminité.

Et si nos mères avaient simplement oublié de nous DIRE qu’elles nous aimaient,

Qu’elles étaient fières de nous.

Et si nous, leurs filles, nous nous autorisions à leur dire… MERCI